De Saint-Mandé à la Somme

Voici le témoignage d’Olivier, un ancien militant socialiste de Saint-Mandé, qui a déménagé il y a peu dans la Somme et a répondu à notre article du 17 février sur la venue de Ségolène Royal dans sa région :

« J’ai vécu six ans à St-Mandé, aujourd’hui j’habite dans la Somme, justement, depuis quelques mois. Dans le village ou je « reste », comme on dit ici, pas de Monoprix avenue Charles de Gaulle, pas de Fauchon porte de Vincennes mais un peu partout, le long des routes, des « Mutants ». Ce sont des supérettes discounts ou la plaquette de beurre est vendue 50 centimes et le beefsteack moins de 6 euros le kilo. Presque toute la population du canton s’approvisionne chaque samedi dans ces magasins tristes, mais pas chers. Mais les dernières semaines du mois, il y a toujours  moins de monde : plus d’argent pour faire les courses.
Comme partout, les loyers flambent.  Je loue une très jolie maison d’environ 200 mètres carrés, avec un immense jardin et une écurie pour 900 euros. Ces prix feront peut-être rêver les St Mandéens, mais il faut savoir que le loyer de cette maison était de 400 euros il y a 4 ans. La fièvre immobilière s’empare aussi des zones rurales. Et ici, impossible de s’expatrier en banlieue ou la campagne, on y est déjà !
Les services publics n’existent plus : le bureau de poste a fermé il y a 3 ans, pas de transport, pas de permanence médicale de base à moins de 20 kilomètres, pas d’éclairages sur les routes dangereuses,  et on ne sait toujours pas si les 24 enfants du village auront encore une école près de chez eux l’année prochaine.
Le canton a été ravagé par des années de politique libérale : délocalisations massives du textile, démontages nocturnes d’usines par des patrons voyous, comme chez Flodor par exemple, et demain Airbus, à Albert, à quelques kilomètres de chez moi. La politique de la droite, ici, a brisé et brise encore des vies de travailleurs.
Alors, il y a la solidarité : on s’arrange pour apporter des légumes, des œufs et du lait de la ferme voisine, de la viande ou même du bois aux retraités qui, avec parfois moins de 500 euros par mois n’ont plus de quoi bouffer, et encore moins se faire soigner les dents.

A St Mandé, bien sûr, nous sommes un peu éloignés de tout ça. Mais je voudrai dire à mes camarades St Mandéens de ne pas oublier l’incroyable espoir presque vital que des millions de gens comme nous ont placé dans notre candidate. Nous savons, dans la Somme, parce-que nous le voyons, tout ce que la droite a détruit, tout ce qu’elle a cassé.

Ségolène a été acclamée ici, parce qu’elle seule porte aujourd’hui l’espérance crédible de changer la vie. »

Olivier

3 commentaires :

  1. Jean Marc Escurier

    bonjour,
    A Saint Mandé, nous oublions aussi que la misére est toute proche. Il y a un article dans Libération du 20 février en page 7 intitulé « Invisibles et relégués dans le bois de Vincennes ».
    Nous avons l’impression d’être revenu un siècle en arrière, des personnes vivent depuis des années dans le bois sans que personne ne les voit. Ils sont abandonnés de tous et ne demandent plus rien, une société qui en est arrivé à ce point de déréliction, c’est terrible.
    A Saint Mandé où dans la Somme, laisser des gens dans cette situation, cela n’a pas de mot pour le nommer.
    Enfin, la campagne continue, n’oublions pas non plus de rappeler d’où vient Monsieur Bayrou qui a besoin de l’UMP pour exister politiquement.
    A bientôt
    Jean Marc

  2. Merci beaucoup Olivier pour ce témoignage qui nous rapproche les uns des autres et nous redit avec force quel est l’enjeu de cette campagne. Nous sommes face à un vrai choix de société pour les années à venir !
    Evelyne

  3. Pardon Jean-Marc je n’avais pas vu ton commentaire sur le texte d’Olivier. Effectivement des personnes vivent dans le bois de Vincennes et il faut le rappeler. Ce bois n’est pas que le joli lieu de promenade familiale dominical que les parisiens nous envient. Il ne tient qu’à nous de le savoir. De temps en temps je prends le temps de parler aux hommes qui vivent dans nos rues de St Mandé. Il en est un qui vient souvent devant la bouche de métro près du taxi. je distribuais « Résistances » un journal réalisé pour le 17 octobre, la journée mondiale du refus de la misère. Je lui ai donné et nous avons discuté. Je l’ai invité au rassemblement au Trocadéro. Il était heureux de voir que des gens se battaient et se rassemblaient pour faire entendre la voix des sans voix. C’était en octobre 2005 et il m’a dit qu’il vivait dans le bois, que c’était très dur… La misère est un peu plus cachée dans nos banlieues dites « chics » mais elle est aussi présente et pas seulement dans la rue. Osons parler à tout le monde y compris aux personnes les plus exclues. Nous avons des choses à apprendre d’elles pour construire une société plus juste. Il est question de Droits de l’homme. C’est l’homme qui doit être au coeur du politique, au coeur des engagements. Pour moi c’est tout le sens de la campagne de Ségolène Royal : plus juste, la France sera plus forte.
    Evelyne

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