Le bilan de Brice Hortefeux : 18 mois d’injustice et de désordre

A la veille de son départ d’un ministère dont la création et l’existence demeure une tâche dans l’histoire politique française, Brice Hortefeux vient de tracer un bilan partial et partiel de son action. Les socialistes tiennent à rétablir quelques faits humains, politiques et économiques.

  •    Une arme idéologique

La création du ministère parachève un processus idéologique engagé par Nicolas Sarkozy depuis 2002 qui vise à convaincre nos concitoyens que l’immigration est une menace pour la Nation et une atteinte à l’identité de la France.

Après avoir développé un discours empreint de tous les fantasmes de l’extrême droite sur le chaos migratoire et la pression aux frontières, après avoir recyclé jusqu’à ses expressions (« la France, aimez la ou quittez la »), après avoir légiféré 4 fois en 4 ans, la création de ce ministère a fini de banaliser des contre-vérités. Ne restait plus qu’à faire de l’immigration l’un des grands thèmes de la Présidence française de l’Union européenne. Ce qui fut fait, avec un sens aigu de la semiologie, à Vichy en novembre 2008.

  • Une politique de la terreur qui cause des drames humains :

Depuis 2003, les multiples lois sur l’immigration ont fait basculer toujours plus de personnes dans l’irrégularité. Mais depuis 2007, la politique des quotas annuels d’expulsions a aggravé une situation déjà très dure, qui s’est immédiatement traduite par des drames humains. Pour le seul été 2007, 5 personnes qui allaient être interpellées par les forces de police se sont défenestrées. Une femme s’est immolée devant la prison dont allait sortir son mari pour être renvoyé en Arménie. La plus jeune victime de cette politique du chiffre s’appelle Yvan, c’est un petit Tchétchène de 12 ans, resté plusieurs jours dans le coma après être tombé dans le vide en suivant son père qui fuyait par une fenêtre.

  •  Un arsenal législatif kafkaïen dont les familles et nos concitoyens sont les victimes :

Au-delà des morts, c’est la vie de milliers de familles qui est empoisonnée par une politique ayant pour objectif la fin du regroupement familial. Les couples mixtes sont placés dans des situations intenables. Et les différentes dispositions prises depuis 2003 grossissent sans cesse le nombre de personnes ni expulsables, ni régularisables. Enfin l’amendement Mariani sur les tests ADN, accepté par Brice Hortefeux, avant d’être substantiellement vidé de son contenu grâce aux recours déposés par les parlementaires de gauche au Conseil Constitutionnel, restera comme le triste symbole de la politique de Brice Hortefeux et de Nicolas Sarkozy.

  •   Les chiffres dont on parle et ceux que l’on tait.

Le ministre communique beaucoup sur les quotas d’expulsions. Il s’est félicité ce matin des 45 000 expulsions effectuées depuis la création de son ministère. Brice Hortefeux ne précise ni que ces quotas sont atteints pour l’essentiel via des reconduites de ressortissants communautaires – roumains ou bulgares -, susceptibles de revenir sur le territoire, ni du coût financier de sa politique. Selon un sénateur UMP, le coût d’une expulsion s’élève à 21 000 euros. Ce qui permet de chiffrer à près d’un milliard d’euros le bilan de cette politique des quotas d’expulsion.

S’il a consacré ce matin un temps à l’intégration, en s’adressant un autosatisfecit, comme premier ministre de l’Intérieur à mener une politique d’intégration, il a naturellement passé sous silence le fait que le budget « intégration » du ministère baisse en 2009 de 34 %.

Enfin, le Ministre n’a pas évoqué le camouflet reçu sur la question des quotas d’immigration jugés par  le rapport Mazeaud ni souhaitables ni praticables.

  •  Les impasses du bilan sur le plan diplomatique

Sur le plan européen, la France a échoué à imposer la règle selon laquelle tout Etat membre de l’Union devrait soumettre à l’accord préalable de ses partenaires tout processus de régularisations massives. C’était l’un des objectifs du pacte européen sur l’immigration et l’asile. Les socialistes se réjouissent que les pays membres l’aient rejeté.

Le ministère communique peu sur l’échec manifeste des accords de gestion concertée des flux migratoires, imposés aux forceps aux pays d’émigration et contre lesquels ces pays  résistent, à l’instar du Mali. Pas plus qu’il ne commente l’augmentation des demandes d’asile en provenance de pays où la démocratie est chaque jour bafouée, mais que la diplomatie élyséenne a désormais choisi de choyer.

Le Parti socialiste dénonce donc l’intégralité du bilan de Brice Hortefeux, dans ce qu’il dit comme dans ce qu’il ne dit pas, dans sa philosophie comme dans ses actes.

Brice Hortefeux prétend avoir gagnée, ce que démentent les chiffres de popularité du Ministre, figurant en bonne place dans le G7 des membres du gouvernement les plus impopulaires, la bataille des idées. Les socialistes continueront à mener la bataille des valeurs pour défendre une politique de l’immigration humaine et digne de la France, fondée sur un juste équilibre entre famille, travail et asile, reconnaissant ceux qui sont en France depuis longtemps et qui ont fait la preuve de leur insertion.

Communication de Sandrine MAZETIER,
Secrétaire nationale à l’Immigration

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