Les périls de la réforme des collectivités locales

Entretien extrait de La lettre du maire d’Alfortville (décembre 2009)

Que pensez-vous de la réforme des territoires discutée actuellement par le gouvernement ?
Luc Carvounas (vice-président PS du conseil général, adjoint au maire d’Alfortville) : Cette réforme est une nouvelle fois une réforme précipitée ! Même des députés et des sénateurs de la majorité demandent au gouvernement de revoir sa copie. Et cela pose à mon sens les questions suivantes : où veut-on aller ? De quelle manière ? Surtout pour quoi faire ? Au moment où notre pays traverse une grave crise sociale, économique et financière, avec un chômage qui ne cesse de s’aggraver mois après mois, nos concitoyens ne comprendraient pas qu’on se paye le luxe d’une réforme territoriale bâclée qui n’aurait comme seule finalité la concentration de tous les pouvoirs par un seul clan rassemblé autour de Nicolas Sarkozy.

Que pensez-vous de la réforme des territoires discutée actuellement par le gouvernement ?
C’est vrai que le gouvernement place la barre très haute en voulant diviser par deux le nombre des élus locaux et réduire leur nombre de 6000 à 3000. On nous explique que cette proposition a pour objectif de réduire les dépenses de nos collectivités territoriales et de l’Etat. En diminuant le nombre d’élus, on réduirait les indemnités qu’on leur attribue. De qui se moque-t-on ? Ces indemnités représentent 0,08 % de nos budgets de fonctionnement ! Cette réforme pose réellement la question de nos libertés individuelles. Les conseillers généraux, et c’est encore plus vrai en province, sont des élus de grande proximité avec les citoyens. Vouloir en supprimer la moitié pour faire des économies de bout de chandelle sans admettre la réalité de ce que nous apportons sur le terrain, c’est encore une fois à mes yeux bafouer la démocratie locale !

Des conseillers territoriaux viendraient se substituer aux conseillers généraux et régionaux : quel est votre sentiment sur ce projet ?
Concrètement, il s’agit d’un coup d’arrêt à la décentralisation. En réduisant le périmètre d’action des conseils généraux, c’est notre capacité d’intervention et de travail en direction de la culture, de la recherche ou du développement économique qui sera remise en cause, ainsi que nos politiques d’appui en direction des communes et donc, notre action de solidarité ! Plus grave encore, seules les villes conserveraient cette «clause de compétence générale» et, encore une fois, ce serait aux communes et à elles seules qu’incomberaient toutes les charges. Avec cette réforme, nos finances locales sont en danger.

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