Alors que la crise est loin d’être terminée, les pratiques financières scandaleuses sont de retour

Dans des discours tonitruants et promus comme tels (Toulon le 25 septembre 2008, Saint-Quentin le 24 mars 2009, congrès de Versailles le 22 juin 2009), le président de la République a annoncé « une moralisation du capitalisme » et promis la fin des bonus exubérants et des parachutes dorés en contrepartie des aides accordées aux banques. Le décalage entre les mots et les actes est total.
L’annonce non démentie de la constitution d’une réserve d’un milliard d’euros de bonus par BNP Paribas aux managers, traders, gestionnaires de portefeuilles d’actions, analystes financiers… d’une de ses filiales, sonne comme un véritable scandale.
Que l’on se souvienne des 5 milliards d’euros d’aides et de garanties d’Etat alloués lors du « plan de sauvetage des banques » pour faire face au risque de crise de liquidités et au rachat de Fortis. Sans ce soutien de la puissance publique, BNP Paribas n’aurait pu réaliser 1,6 milliard d’euros de bénéfice au deuxième trimestre et reconstituer ses marges, alors même qu’elle assèche le crédit aux particuliers et aux PME.
Alors qu’en avril dernier, les dirigeants du G20 en appelaient à une moralisation des pratiques financières et à une limitation des rémunérations au sein des activités de marchés et de capitaux, la vérité des faits contredit une fois de plus violemment ces effets d’annonce.
Chacun mesure aujourd’hui la faute économique, politique et morale qui a consisté, de la part du gouvernement, à ne pas entrer dans le capital des établissements bancaires qui ont reçu l’aide de l’Etat, exigence sans cesse formulée par le Parti socialiste et l’ensemble de la gauche.
Alors que la crise n’est pas terminée, les pratiques qui en sont à l’origine sont déjà de retour. Nous sommes loin de l’indispensable changement de système économique permettant la sortie de crise.
Le Parti socialiste appelle le président de la République à transformer ses appels à la moralisation et à l’autorégulation par les acteurs financiers de leur comportement en des faits concrets. Dans la perspective du prochain G20 qui se réunira à Pittsburgh en septembre, au sein de l’Union européenne et d’abord en lien avec l’Allemagne, il appartient à la France de prendre vraiment la tête d’un encadrement des pratiques financières et d’un plafonnement des rémunérations des acteurs du secteur. Les choix pratiqués dans l’hexagone doivent avoir valeur d’exemple, donc d’impulsion : les Français attendent de leur gouvernement qu’il fasse respecter par les banques l’ensemble des contreparties fixées en échange des aides reçues.

Communiqué de Martine Aubry, première secrétaire, et Guillaume Bachelay, secrétaire national à l’industrie, aux entreprises et aux NTIC, le 5 août 2009

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