Comment Monsieur Hortefeux peut-il rester ministre de la République ?

Communiqué de Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire nationale aux libertés publiques et à la justice, le 10 septembre 2009:

Dans une vidéo révélée aujourd’hui, le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, apparaît posant pour une photo en compagnie d’un jeune militant, samedi 5 septembre, lors de l’université d’été de l’UMP à Seignosse dans les Landes.
“Il ne correspond pas du tout au prototype”, commente M. Hortefeux en référence à l’origine arabe du jeune homme, avant d’ajouter : “Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes”.
Le Parti socialiste dénonce ces propos sidérants et révoltants par lesquels le ministre de l’intérieur exprime mépris, dédain et racisme tant à l’égard du jeune homme qu’envers tous ceux qui sont attachés aux principes républicains.
Comment un responsable politique tenant ce type de propos peut-il rester ministre de la République ?

Sur le même sujet, nous reproduisons ci-dessous l’éditorial du Monde (12 septembre) signé Eric Fottorino et intitulé « Valeurs »:

Bien sûr, ce n’était qu’une scène bon enfant comme il s’en produit toujours en marge des grands rassemblements politiques. Bien sûr, il n’y a eu ni bavure ni mort d’homme. Juste un ministre en tenue décontractée, pull-over sur l’épaule, répondant sans trop d’enthousiasme à la sollicitation d’un jeune militant de l’UMP désirant poser avec lui sur une photo-souvenir. Quelques secondes pour l’un, un grand moment pour l’autre.
Dans le rôle du ministre, Brice Hortefeux, titulaire du portefeuille de l’intérieur après avoir détenu celui de l’immigration et de l’identité nationale. Dans le rôle du militant, Amine Benalia-Brouch, de père algérien et de mère portugaise.
Bien sûr, tout est allé très vite au milieu des rires et des apostrophes lancées à la cantonade par des témoins hilares de cet instant pris sur le vif. Car, bien sûr encore, présence inévitable dans notre société d’hypercommunication, des caméras filmaient.
Tout cela aurait pu ne pas porter à conséquences. Que sont quelques mots prononcés mezza voce, dans le feu de l’action, sans réfléchir ? Justement, il fallait y penser. On peut réprouver cette époque où la moindre parole malheureuse devient dévastatrice une fois mise en ligne. Mais la réalité n’en demeure pas moins celle-ci, choquante sinon condamnable : sans ambiguïté, Brice Hortefeux, à propos de ce jeune beur, a bien dit ce qu’il a dit :  » Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.  » Plaisanterie, pensée profonde ? Lui seul le sait. L’important est ailleurs. Brice Hortefeux a oublié qu’un ministre doit représenter à chaque instant les valeurs de la République. Et mesurer dans chaque mot ce qu’il peut contenir d’irrespect, de violence et d’humiliation.

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