Le dernier Bulletin municipal officiel (n° 154, février-mars 2009) consacre sa une et un dossier de 9 pages à l’attribution à Saint-Mandé de la « Marianne d’or de l’environnement », qui vient couronner une ville qui se veut, en toute modestie, « avant-gardiste dans la lutte contre le réchauffement climatique » (p. 7). Sur un sujet d’une telle importance, rien ne serait pire qu’une mise en scène truqueuse. Saint-Mandé Infos fait donc preuve d’une implacable rigueur.
Une photographie de Nathalie Kosciusko-Morizet serrant la main d’un employé municipal (p. 7) accompagne le titre « Une Marianne d’or pour les agents communaux saint-mandéens. » L’image date de 2007 ? Qu’à cela ne tienne : cette récompense, dit l’article, a bien été attribuée « dans le cadre du Grenelle de l’environnement », comme en témoignent de jolis petits macarons tricolores dont le bulletin est parsemé. Ainsi donc, pas d’erreur, ce sont les plus hautes sphères de l’Etat qui viennent saluer la politique visionnaire de Patrick Beaudoin. Est-il besoin de préciser que « le concours de la Marianne d’or honore les communes de métropole et d’outre-mer qui méritent que leurs initiatives, actions, politiques soient connus et reconnus, et deviennent une référence au niveau national », dixit le secrétaire général du concours, d’une insoupçonnable neutralité ? Désormais, c’est sûr : Saint-Mandé est un phare, une lumière pour la France.
Evidemment, il y aura des grincheux pour aller se demander qui exactement décerne ce prix, pourquoi GDF-Suez en est le partenaire, pourquoi cette récompense, bien que remise dans la pompe officielle, semble n’émaner d’aucune instance officielle de la République, pas même du ministère de l’écologie. Il suffit pourtant de contempler ce buste doré, rayonnant, cette poitrine pudiquement voilée qui guide le regard vers le socle frappé des lettres « R.F. » Ceux qui douteraient encore de la valeur de ce « prix d’excellence des municipalités de France » n’ont qu’à se reporter au site officiel du concours, qui expose en toute transparence des critères d’évaluation draconiens : « Avoir une diversité dans les approches », « Pratiquer la concertation et le dialogue », « Communiquer avec objectivité et sans sectarisme », et aussi « Aimer les gens, aimer la République ». De toute façon, le concours repose sur une « expertise reconnue », c’est écrit en toutes lettres. Il est notoirement sélectif : tout au plus 25 lauréats cette année, tous félicités pour leur courage en matière de protection de l’environnement. Le palmarès témoigne d’ailleurs d’un pluralisme remarquable : seulement deux fois plus d’élus de droite que de gauche. Des hommes et des femmes de terrain, souvent peu connus des médias, et qui excellent à « encourager les nouvelles générations à participer à la vie publique », au premier rang desquels Patrick Ollier et Bernard Accoyer, enfin réconciliés.
La Marianne d’or de l’environnement, c’est le signe que le développement durable est désormais un sujet grave dans notre pays, un sanctuaire à l’abri des petites politesses du monde politique. C’est aussi le triomphe de la compétence et de l’objectivité : le prochain concours de Miss France ferait bien de s’en inspirer.
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