Un extrait de la dernière Lettre de Serge Lagauche, sénateur PS du Val-de-Marne (n° 23, décembre 2009, p. 4):
Au lieu de nous mobiliser sur une stratégie de sortie de crise, le gouvernement a choisi de porter le fer contre les collectivités locales, qui ont pourtant servi d’amortisseur social dans la tourmente économique de 2009. Celles-ci ont en même temps soutenu l’investissement public, alors que l’investissement privé était en panne et qu’il le demeure. Pour les remercier, le gouvernement supprime leur impôt économique. À terme, elles seront donc contraintes de réduire la voilure de leurs initiatives et/ou d’augmenter les impôts de ceux qui les paient déjà, à savoir les classes moyennes.
Il ne s’agit là que du premier acte d’une bien mauvaise pièce, dans l’attente des projets de réorganisation territoriale. L’État aura la main complète sur les finances locales. Le beau livre ouvert en 1981, avec les grandes lois décentralisatrices, sera ainsi refermé. Les élus locaux, accusés d’être dépensiers, sont les boucs émissaires du gouvernement et de son chef véritable, le président de la République, qui ont été pris à contre-pied par la crise financière eu égard à leurs orientations fiscales inconséquentes. Malgré la crise, ils n’ont renoncé à aucun de leurs choix initiaux : le relèvement du bouclier fiscal, les allègements de droits de succession, les dépenses fiscales improductives. Et la liste n’est pas close, si l’on en juge par l’abaissement du taux de la TVA pour la restauration, mesure onéreuse et, à ce jour, accordée sans réelles contreparties.
A contrario, le gouvernement et sa majorité se sont mis en chasse des plus faibles. Quelle preuve de grand courage, en effet, que de s’attaquer aux accidentés du travail ! Ce scandale résonnera longtemps dans la population. Il vient s’ajouter à la suppression l’année dernière de la demi-part des personnes seules ayant élevé un enfant. Il est ainsi plus facile de réduire sans cesse le nombre des fonctionnaires ou de s’attaquer aux crédits de la HALDE, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité – crédits rétablis sur l’initiative des sénateurs socialistes -, que de s’attaquer aux rémunérations exorbitantes, ou de mettre en oeuvre une taxation assurantielle du système financier afin d’éviter, une fois la crise financière réglée, que n’éclate une nouvelle bulle nécessitant d’appeler les États et les contribuables à la rescousse ! Toute chose que nous avons proposée en vain !
Lorsque les modestes effets du plan de relance seront dissipés, la France se retrouvera sur le sable, avec des déficits considérables, un niveau de production durablement inférieur à celui qui était le sien avant la crise, un chômage massif, des recettes fiscales moindres, alors que les dépenses seront alourdies par la charge de la dette. Et vers qui se tournera le gouvernement pour payer la note ? Encore et toujours les ménages dits « moyens » ! Car la majorité et le gouvernement sont incapables de répartir de manière juste l’effort qu’ils vont inévitablement demander à la nation.