Cet extrait de l’intervention de la première secrétaire, Martine Aubry, reprend les propositions qu’elle a formulées, au nom du Parti socialiste, pour faire face à la crise.
« Nous avons voulu que cette université d’été soit utile à la France et aux Français. Je crois que nous avons réussi. Les Français doivent savoir qu’ils ont été au cœur des débats qui se sont déroulés, ici, à La Rochelle, pendant ces trois jours : pour apporter nos réponses à la crise, mais aussi pour préparer un projet de société et le rassemblement de la gauche.
Ce travail nous l’avons mené avec les syndicalistes, les associations et les ONG, les mouvements d’éducation populaire, avec des élus, des militants mais aussi avec les autres formations de la gauche. J’ai aimé cette université car elle a été à l’image de ce que notre parti doit être : ouvert sur la société, ouvert sur la gauche, ouvert sur le monde.
La France est en pleine crise économique et sociale. Une crise économique sans précédent depuis 1929, une explosion de la précarité et du chômage, un investissement qui baisse et une consommation en recul si l’on excepte l’achat d’automobiles. Au-delà de notre contre-plan de relance, nous proposons des mesures d’urgence pour la consommation :
– Un remboursement de 200 euros de TVA pour les 16 millions de ménages modestes, non imposables. Le coût est de 3,2 milliards d’euros, qui se retrouveront ici immédiatement dans la croissance et l’emploi. C’est le même montant que la baisse de la TVA dans la restauration, dont on demande l’annulation, même dans les rangs de l’UMP. Faute d’avoir imposé des contreparties, les prix dans les cafés et restaurants n’ont baissé que de 1 % !
– La rentrée s’annonce épouvantable pour les jeunes et leurs familles : nous demandons le maintien des allocations familiales pour les enfants majeurs de plus de 20 ans.
– Alors que la loi protège aujourd’hui les actionnaires et les créanciers face à des patrons peu scrupuleux ou mauvais gestionnaires, rien n’est prévu pour empêcher ce pillage d’entreprises françaises au détriment des salariés. Le Parti socialiste propose une procédure de mise sous tutelle de l’entreprise par le tribunal de grande instance sur saisine des salariés en amont des licenciements ; un administrateur judiciaire serait nommé pour gérer l’entreprise le temps nécessaire pour faire cesser des pratiques contraires aux intérêts de l’entreprise et de ses salariés.
– Nous proposons, pour faire face au 650 000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail, la création de 150 000 emplois-jeunes dans l’économie verte et des services aux personnes.
Soutien au pouvoir d’achat, pouvoir accru pour les salariés, avenir de la jeunesse : les propositions des socialistes existent, solides, crédibles et j’ajoute disponibles : puisque Monsieur Sarkozy veut un emprunt utile pour la France, qu’il commence donc par emprunter les idées de la gauche !
Face à la crise, il est urgent d’agir. En communication, le président de la République est hors catégorie. Côté action, il est franchement hors course ! Il a reçu mardi dernier, pour la septième fois, les banquiers à l’Elysée. Ils connaissaient déjà la chanson :des mots, toujours des mots, « transparence », « moralité », « sanction ». Mais de décision, aucune, sauf de repousser de quelques mois le versement de 50 % des bonus des traders de la BNP. Rassurez-vous, ils toucheront quand même 59 000 euros, tout de suite, en moyenne. Les contribuables n’acceptent plus que des milliards aient été donnés aux banques sans autre résultat que de venir remplir les poches de ceux qui sont responsables de la crise.
Je demande à nouveau au président de la République de faire voter une loi s’inspirant de la proposition de loi des députés socialistes, plafonnant les écarts de rémunération, limitant fortement les bonus (je propose une règle simple, qu’ils ne dépassent pas la part fixe du salaire), interdisant les parachutes dorés et les stock-options sauf pour les entreprises naissantes.
En second lieu, nous demandons avec insistance que l’État rentre dans les conseils d’administration des banques refinancées par la puissance publique afin de contrôler l’utilisation des 21 milliards d’euros d’argent public qui leur ont été versés. Car chacun sait aujourd’hui que si les banques ont repris leurs opérations financières et en récompensent leurs traders, les PME sont toujours en attente de crédits pour se développer ou survivre, de même que les Français pour acquérir un logement.
Nous aurions aimé que la France soit en tête du combat pour la régulation financière. Mais Nicolas Sarkozy n’y est pas prêt. J’ai demandé à Poul Nyrup Rasmussen, le président du PSE, de lancer une grande campagne des socialistes européens pour imposer une régulation financière au cœur de laquelle se trouvent la limitation et la réglementation des rémunérations variables et l’encadrement des hautes rémunérations. Il a déjà pris contact avec les démocrates américains, qui eux aussi veulent se joindre à ce mouvement. Voilà quelques mesures d’urgence pour les mois à venir. Elles sont nécessaires dans la situation économique de notre pays, elles sont nécessaires pour faire face à l’urgence sociale, mais il faut aller beaucoup plus loin.
Le Parti socialiste, premier parti d’opposition, doit être utile à 100 % aux Français, en combattant les régressions sociales, en proposant comme nous le faisons encore ce matin, en préparant un grand projet de la gauche en 2012. Refonder les idées, refonder notre parti et construire la maison commune de la gauche, voilà l’ambition fixée à La Rochelle. Le travail est immense, mais vous êtes là, fiers de ce que nous sommes et enthousiastes à ramener l’espérance. Alors tout est possible. La France qu’on aime le mérite ! Alors bon travail mes camarades ! »