Les discours trompeurs de l’UMP

Nous reproduisons ci-dessous quelques extraits de l’entretien avec Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, et Vincent Peillon, tête de liste du PS pour la région Sud-Est, publié hier dans Le Parisien (4 juin 2009, p. 6).

A propos du souhait d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy d’évoluer vers une « économie de marché responsable »

Vincent Peillon : « Ce n’est qu’un tract de campagne. Là où l’Europe aurait besoin d’un couple franco-allemand fort pour avancer, ni Angela Merkel ni Nicolas Sarkozy ne sont en mesure de proposer une action précise. »

Jacques Delors: « Sur le plan économique, c’est bien gentil de faire des discours anticapitalistes quand on s’est rendu complice de la dérive libérale. Il n’y pas de quoi être béat d’admiration sur ce qui s’est fait ces derniers mois. (…) Nicolas Sarkozy a sonné le tocsin parce qu’il y avait le feu. Elever au niveau d’exploit son intervention dans le conflit géorgien ou à Gaza, il ne faut pas exagérer. L’Europe communautaire n’a pas non plus progressé. Dans le passé, c’est elle qui a fait toujours avancer la construction européenne. Et non pas, de temps en temps, un chef prestigieux qui pousserait tous les wagons. »

A propos de l’UMP

VP : « La droite sait qu’elle ne peut pas espérer continuer à diriger l’Europe si elle dit la vérité sur son bilan en matière de services publics, de crise financière, de lutte contre les discriminations… Elle ne veut pas assumer non plus son projet. Et pour cause, c’est toujours plus de dérégulation. ( …) Lorsqu’on renonce, contrairement au projet des fondateurs, à l’harmonisation sociale et fiscale, lorsqu’on refuse la directive service public qui fait partie du modèle social européen, alors on s’aligne sur des standards libéraux et on déstabilise les plus fragiles. (…) La droite cache aux électeurs son bilan à Strasbourg et elle ment sur ses perspectives. Jacques Delors a été par exemple le premier en Europe [en 1993] à dire qu’il fallait recourir à l’emprunt pour financer des grands travaux… La droite s’y est toujours opposée. Aujourd’hui, Michel Barnier y est favorable. Mais ce ministre a signé le manifeste de la droite européenne qui prétend que c’est impossible. L’UMP trompe les électeurs ! »

JD : « Quand les chefs de gouvernement de droite veulent rassurer l’inquiétude des citoyens, ils mettent en avant les amortisseurs sociaux. Mais qui les a créés si ce n’est les socialistes ? Et qui a freiné les progrès sociaux ? La droite. »

A propos du blocage des institutions

JD : « Pour la mise en place de l’euro et de Schengen, l’Europe n’a pas cherché l’unanimité. C’est un groupe de pays qui a décidé d’être à l’avant-garde en s’organisant autour de coopérations renforcées. Je vois deux sujets d’avancées possibles : l’harmonisation fiscale et sociale, avec un fonds d’actions structurelles au sein de l’Union économique et monétaire, et une Communauté européenne de l’énergie. Les divisions des Européens vis-à-vis des fournisseurs de gaz et de pétrole sont désolantes. Si les 27 n’arrivent pas à articuler élargissement et coopération renforcée, l’Union deviendra ingérable et va s’engourdir. »

* * *

Ci-dessous, deux extraits de la tribune d’Edwy Plenel parue dans Marianne n° 632 (30 mai 2009, p. 41) :
« La crise ne vient pas de nulle part, mais bien des politiques menées, des intérêts servis, des idéologies banalisées, bref, de choix présentés comme inéluctables, naturels ou raisonnables, qui furent en fait des choix de société non débattus, non soumis aux peuples, non confrontés aux suffrages. (…)
La désastreuse pédagogie de la récente présidence française, en 2008, tant vantée par les idéologues de l’Europe telle qu’elle est, sans autocritique ni remise en cause, a fait l’éclatante démonstration [de la position marginale dans laquelle est volontairement maintenu le Parlement de Strasbourg] : une Europe des Etats, impulsée selon le pire modèle français, avec cette mystique du chef qui propose, coordonne, impose, bien loin d’une culture parlementaire délibérative. Comment faire croire aux électeurs que l’on peut changer le cours des politiques européennes sans, par nos votes, entraver, en France même, le pouvoir qui, aujourd’hui, nous représente, les négocie ou les relaie, alors même qu’il traite avec mépris opposants et contradicteurs ? »

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