Résultats de la pétition « Pourquoi nous consentons à l’impôt »

Nous vous avons invités à signer la pétition lancée, avec le soutien du quotidien Libération, par le magazine Alternatives économiques « Pourquoi nous consentons à l’impôt » et de nombreux militants de Saint-Mandé ont rejoint les 40 000 signataires.

Forts de ces signatures, les rédacteurs de la pétition ont interpellé les candidats à l’élection présidentielle pour connaître leurs engagements en matière de progressivité de l’impôt. Leurs réponses sont analysées dans le numéro d’avril d’Alternatives Economiques, mais il est consultable librement sur le site internet www.alternatives-economiques.fr. Vous trouverez ci-dessous celle de notre candidate.

La réponse de Ségolène Royal :

« L’impôt progressif est l’un des piliers de notre modèle social et économique.
Les travaux des économistes, je pense notamment à ceux de Thomas Piketty, ont montré que c’est grâce à l’impôt sur le revenu que les inégalités ont été contenues dans notre pays au cours du XXe siècle, notamment parce qu’il a évité une reconcentration du capital au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Or, aujourd’hui, cette situation est menacée, car notre fiscalité n’est que très marginalement progressive. La CSG est strictement proportionnelle et son poids est considérable au sein des prélèvements obligatoires, puisqu’elle représente 61 milliards d’euros contre 58 pour l’impôt sur le revenu. D’autres impôts, comme la TVA, ne prennent pas en compte les revenus et ont parfois des effets dégressifs. La TVA frappe particulièrement les ménages à faibles revenus. La taxe d’habitation est fixée de manière forfaitaire sur des bases cadastrales datées : un ménage paye plus s’il habite en banlieue un immeuble construit dans les années 60 que s’il occupe un appartement cossu en centre-ville. Par ailleurs, en cette période préélectorale, le gouvernement a procédé à des allègements massifs d’impôts sur le revenu, dont les effets se font particulièrement sentir cette année. Enfin, le bouclier fiscal conduit à limiter drastiquement les effets redistributifs de l’impôt sur le revenu, en plafonnant le montant de l’impôt dû. C’est d’ailleurs une mise en cause déguisée de l’ISF, compte tenu des caractéristiques des foyers concernés : la réforme bénéficie pour l’essentiel à 16 000 d’entre eux, pour lesquels elle se traduit par une baisse moyenne d’impôt de 22 000 €, soit environ vingt fois le Smic.
Je n’aime pas cette expression de « bouclier » qui laisse à penser qu’il faudrait se « protéger » de l’impôt. La dépense publique, financée par l’impôt, ce sont des services publics, des investissements pour l’avenir, dont chacun profite. En revanche, il est légitime d’être très exigeant vis-à-vis de l’argent public et d’œuvrer à une dépense plus efficace, autour de priorités mieux définies, qui commencent par l’école, la recherche, la formation continue. L’ordre juste, c’est un équilibre entre une fiscalité progressive et une dépense plus efficace. Un euro dépensé doit être un euro utile. Mon projet n’est pas d’augmenter les prélèvements obligatoires, il est de les rééquilibrer, pour mieux valoriser le travail et l’initiative, et lutter contre l’économie de la rente que la droite nous promet.
Je m’oppose à toute réduction des droits de succession et je reviendrai sur le bouclier fiscal, si je suis élue. Il faut aussi s’attaquer aux niches fiscales, qui permettent à ceux qui sont les mieux informés de bénéficier d’allègements d’impôts en tous genres, sans que cela favorise réellement l’activité économique. »

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