Mais où va la France?!

C’est une histoire vraie… chez nous en France :

Daredjan Berava, agrégée de mathématiques ossète, est sortie de rétention, pour raisons médicales, aujourd’hui. Sa fille, lycéenne, est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Sa demande d’asile sera examinée le 3 juin.

Florence Ostier (RESF 75) : «Depuis cinq jours, Daredjan Berava était en grève de la faim au centre de rétention de la Cité à Paris. Vendredi 23 mai, elle a été mise de force, dans un avion pour Tbilissi. Scotchée, saucissonnée comme un paquet, elle a finalement été débarquée par le commandant de bord, grâce à l’intervention des passagers. Lundi, le Tribunal de Grande Instance de Paris examinait l’opportunité d’un prolongement de sa rétention.

Daredjan est ossète, son mari Bessik, géorgien. Une classique famille mixte de Géorgie. Elle, professeur agrégé de mathématiques, nommée proviseur de Lycée en 1994, lui, Bessik est œnologue. Ils ont deux enfants, Valerian et Nino. En 1995, avec la montée du nationalisme et la sécession de l’Ossétie du Sud, Bessik est pressé de divorcer. Il résiste envers et contre tout. Daredjan est démise en 2002 de son poste, les autorités de la petite ville de Gurdjianni ne voulant plus d’un proviseur Ossète. Ils se réfugient à Tbilissi, où elle retrouve un poste de prof de maths mais est vite licenciée, les parents d’élèves refusant que leurs enfants soient enseignés par une Ossète. Sans travail, la famille fuit pour l’Autriche : première demande d’asile. Puis pour la France, à Lyon où les deux adolescents sont scolarisés au Collège George Sand : 6 mois de havre relatif.

Arrêtés, ils sont reconduits en Autriche et renvoyés en Géorgie. Tentative de retour à Gurdjianni pour découvrir leur maison brûlée. Retour à Tbilissi, mais aucune école ne veut scolariser les enfants d’une famille mixte en Géorgie, en conflit quasi armé avec ses républiques sécessionnistes. Refuite pour la France, cette fois pour Poitiers, où la famille arrive en mai 2005. Redemande d’asile, nouveau refus. Là, les mesures administratives de reconduite s’accumulent. Arrêtée, mise en rétention, la famille est disloquée. Bessik et Valerian (19 ans) sont expulsés vers la Géorgie en mars et avril 2008. Seule à Poitiers avec Nino maintenant en seconde au Lycée Alienor d’Aquitaine, Daredjan entreprend de valider ses six ans d’université. Une équivalence d’entrée en licence lui est accordée par l’université de Poitiers. Mais le 9 mai 2008, elle est pour la 3ème fois arrêtée et transférée en rétention à Paris.

Lundi, dans un français parfait, Daredjan a expliqué au tribunal la situation en Géorgie, son origine Ossète, les multiples irrégularités de procédures antérieures, les rétentions à répétition, et supplie le juge de prendre une décision lui permettant de se présenter le 3 juin devant la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA). A l’exposé de ces informations qui devraient valoir à Daredjan la protection de la France, le juge cherche à lui faire admettre qu’il ne peut rien faire d’autre que la maintenir en rétention. La Préfecture de la Vienne n’a transmis au tribunal aucun avis sur la compatibilité de son état de santé avec son maintien en rétention. Prête à un geste désespéré, Daredjan avait, aussi, lors de sa dernière expulsion par avion, dissimulé une lame de rasoir emballée de papier dans sa bouche. Le juge rédige une ordonnance de maintien en rétention tout en actant les discriminations subies en Ossétie, et l’attente d’un examen de sa demande d’asile le 3 juin, sans omettre de mentionner sa grève de la faim, et enfin, Daredjan est atteinte d’une grave maladie  évolutive nécessitant un suivi médical spécialisé! Le tribunal a enjoint la préfecture de faire examiner Daredjan par un médecin pour savoir si son état de santé était compatible ou non avec son maintien en rétention et un retour en Géorgie. Hier, aussitôt après la visite du médecin, la préfecture a ordonné sa remise en liberté. Daredjan a perdu dix kilos en quelques jours. Elle reste expulsable par la France. Comme sa fille lycéenne qui a reçu elle aussi, mardi, une obligation de quitter le territoire.»

Assez Monsieur Hortefeux ! rendez nous notre France, terre d’asile, jadis tant aimée !

Martial

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