Pendant que N. Sarkozy parle d’éducation, l’école souffre

Nicolas Sarkozy peut s’exprimer tant qu’il le souhaite sur l’éducation, comme il l’a fait ce matin à Marly, mais ses propos ne feront jamais oublier les résultats désastreux de sa politique.
Faut-il rappeler à N. Sarkozy la rentrée catastrophique préparée par son gouvernement? Loin des belles paroles, la réalité ce sont 10 000 professeurs qui manquent en raison des suppressions de postes depuis 2007, les élèves de seconde qui n’ont toujours pas de manuels à cause de la précipitation de la réforme du lycée, les professeurs sans aucune expérience à plein temps devant les élèves, conséquence de la réforme insensée de la formation des enseignants… Et il s’est bien gardé d’évoquer le dernier rapport de l’OCDE qui montre que la part de l’éducation dans le PIB est passée en 10 ans de 7,7% à 6%.
En guise de projet pour l’école, le président de la République s’est borné à se féliciter de la création des internats d’excellence d’une part et des établissements dits de « réinsertion scolaire » (ERS), d’autre part. Mais de réinsertion, il n’a pas été question dans le discours du chef de l’Etat : les ERS seront, selon ses propres termes « exclusivement disciplinaires » – et par discipline, ici, il faut entendre coercition.
Le discours de Marly n’efface en rien le discours répressif de Grenoble. Proposer d’extraire quelques jeunes de leurs quartiers tout en abandonnant les autres à leur sort ne constitue pas un projet éducatif. Ce qu’attendent les Français, c’est une école qui offre les mêmes chances de réussite à tous, dans les quartiers, dans les campagnes, dans les centres villes. N’en déplaise à Nicolas Sarkozy, les 6 000 élèves des internats d’excellence ne sont pas les seuls à mériter que la République s’intéresse à leur sort*.
L’école est le principal outil de la promesse républicaine d’égalité. C’est pourquoi l’éducation est au cœur du projet des socialistes. En abandonnant toute ambition pour l’école de la République, N. Sarkozy fait en réalité le choix d’une société fondée sur l’accroissement des inégalités et le maintien des privilèges de la naissance.
Avec comme objectif de faire réussir tous les élèves, le Parti socialiste entend proposer un nouveau pacte éducatif à la nation, qui met au cœur de ses priorités l’école primaire et la petite enfance, aujourd’hui sous-dotées, l’éducation prioritaire, et la formation des enseignants à l’ensemble de leurs missions. Il est temps de rompre avec la politique de casse de l’éducation nationale menée par le gouvernement, et de rendre la confiance des Français dans leur école.

Communiqué de Bruno Julliard, secrétaire national à l’éducation, le 9 septembre

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* La sociologue Agnès Van Zanten conclut dans le même sens sa tribune publiée dans Le Monde daté du 14 septembre (p. 19):
« Mais le principal danger serait de laisser croire qu’une diversification des élites, même plus ambitieuse que celle en cours, pourrait tenir lieu de politique de lutte contre les inégalités. Or, parce que les politiques d’ouverture sociale paraissent prendre le relais des actions en direction des territoires défavorisés, notamment de l’éducation prioritaire aux résultats controversés, parce qu’elles bénéficient d’importantes ressources, d’une grande médiatisation et d’un large consensus dans l’opinion et, surtout, parce qu’elles viennent combler des vides criants dans l’action étatique, cette idée fait son chemin.
Déjà, les orientations privilégiées par ces actions (définition large du désavantage permettant l’inclusion des classes moyennes, sélection et extraction des élèves des territoires défavorisés plutôt qu’action sur ces territoires, focalisation sur les bons élèves et sur la motivation comme ressource pour surmonter les difficultés) se diffusent dans d’autres politiques ayant pour visée la mixité sociale et l’amélioration des résultats des élèves des milieux populaires. Ainsi, tandis que l’assouplissement de la carte scolaire est censé favoriser la mobilité scolaire des boursiers, notamment des boursiers « méritants », les internats de réussite éducative cèdent la vedette aux « internats d’excellence » destinés à ce même type d’élèves.
Sur un plan plus qualitatif, on n’a par ailleurs aucun mal à imaginer que les enseignants trouvent plus gratifiant de détecter des talents et d’encourager de bons élèves que de s’efforcer d’améliorer les résultats des élèves en difficulté. Ni que les parents des classes moyennes préfèrent profiter de nouvelles voies de préparation et d’accès aux filières d’élite dans certains lycées plutôt que de se battre pour améliorer le fonctionnement de l’établissement de leur quartier. Et ce depuis que l’ensemble des responsables politiques et administratifs sont tentés de privilégier des actions qui produisent des résultats visibles à court terme plutôt que des projets de longue durée aux effets incertains.
Le risque est grand de délaisser et de décrédibiliser ainsi toutes les actions globales nécessaires pour améliorer l’efficacité et l’équité du système d’enseignement, qu’il s’agisse de la formation des enseignants, de la lutte contre la ségrégation entre établissements ou de diverses formes de remédiation et d’aide au travail des élèves. Faire émerger de nouvelles élites et lutter contre les inégalités sont deux options différentes dont le succès ne repose pas sur les mêmes bases. Le parrainage des meilleurs a un rôle à jouer dans une politique éducative ambitieuse. Il ne saurait en tenir lieu. »

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